Hommage à Josette Rey-Debove
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Secrétaire générale de la Rédaction des dictionnaires le Robert et co-directrice avec Alain Rey de la rédaction du Petit Robert, Josette Rey-Debove est qualifiée par cette maison d'édition de « symbole de rigueur scientifique et d'originalité éditoriale ». Sa fantaisie, son dévouement, son humour, son tempérament passionné et l'intensité de son investissement intellectuel n'échappaient à personne et la rendaient particulièrement attachante.

Dès 1953, Josette Rey-Debove a participé à l'élaboration du Grand Robert, publié en 1964 en collaboration avec Alain Rey et Henri Cottez. Elle était aussi l'auteure de plusieurs autres dictionnaires : le Dictionnaire des anglicismes, les mots anglais et américains en français (en collaboration avec une Québécoise, Gilberte Gagnon), le Dictionnaire méthodique du français actuel, le Petit Robert des enfants, le Robert quotidien, le Robert du français (langue étrangère), et finalement le Robert Brio – Analyse des mots et régularités du lexique, paru tout récemment. Ce dernier ouvrage reconstitue les familles de mots parfois difficilement reconnaissables à partir de leur radical commun, données particulièrement utiles pour l'apprentissage du français langue première ou langue maternelle.

Elle était également connue pour ses publications en sémantique, en sémiologie et en morphologie. On lui doit notamment les ouvrages suivants : Étude linguistique et sémiotique des dictionnaires français contemporains (1971), Essais de sémiotique (en collaboration avec J. Kristeva et J. Umiker), Recherche sur les systèmes signifiants (1973), Le métalangage : étude du discours sur le langage (1978), Lexique de sémiotique (1979), La linguistique du signe : une approche sémiotique du langage (1998). Elle avait aussi travaillé au Research Center for Language Sciences avec T. A. Sebeok, aux États-Unis, et produit une centaine d'articles de recherche en linguistique et sémiotique dans les revues spécialisées et les encyclopédies. Elle a participé, à l'invitation de ministères du gouvernement français, aux travaux sur la féminisation des noms de profession (1984), sur la réforme de l'orthographe (1989, et publication de Réforme de l'orthographe au banc d'essai du Robert en 1991), enfin sur la simplification du langage administratif (2001).

Au cours des dernières années, elle avait également pris position publiquement en faveur de la cause des femmes et publié nombre d'articles de presse polémiques sur le français, sur la féminisation des titres et sur l'Académie française. Elle donnait également, depuis 2002, un séminaire de lexicologie à l'École des hautes études en sciences sociales.

Très généreuse de sa personne, elle avait accepté, depuis le début des années 1970, de participer aux réflexions et aux travaux de l'Office québécois de la langue française sur la terminologie, la néologie et la méthodologie du travail terminologique. Plus récemment, l'Office l'avait consultée pour l'élaboration des principes qu'il allait adopter en matière de féminisation et d'emprunt. Lors de la 1re Journée québécoise des dictionnaires organisée par l'Université de Montréal en collaboration avec HEC Montréal, le Québec avait eu l'occasion de lui rendre hommage, ainsi qu'à Alain Rey, pour leur contribution à l'aménagement linguistique du Québec. À cette occasion, la présidente-directrice générale de l'Office avait remercié les deux lexicographes, et le premier ministre du Québec, M. Jean Charest, les avait décorés de l'Ordre national du Québec.

La disparition de Josette Rey-Debove créera un vide considérable dans le monde de la linguistique et de la lexicographie. Le souvenir de sa présence chaleureuse sera toutefois durablement inscrit dans la mémoire de ceux et celles qui ont l'ont connue, appréciée ou aimée.


 
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