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Les mots de la politique

Liste des termes traités

agenda caché - agenda politique - blâme (motion, vote de ~) - bleu ou rouge - cabinet fantôme - candidat-vedette - censure (motion, vote de ~) - challenger ou challengeur - chef du parti - chefferie - conseiller en image - convention - coude-à-coude - débatteur - défiance (motion, vote de ~) - dernier droit de la campagne - direction du parti - élection - élire - faire sortir le vote - faiseur d'image - investiture - lac-à-l'épaule - leadership - livrer la marchandise - membership - ministrable - mode électoral (en ~) - momentum - nez à nez - non-confiance (motion, vote de ~) - partis politiques et partisans - plate(-)forme et programme - post mortem - premier-ministrable - rouge - spin doctor - swing states - war room

Les termes

agenda caché (ou, plus rarement, agenda secret) :
Ces calques de l'anglais hidden agenda (ou, plus rarement aussi, secret agenda) employés au Québec en contexte électoral, commencent à se répandre ailleurs dans la francophonie. Le mot agenda y a le sens de « programme qu'on entend suivre, actions qu'on entend mener », mais ce sens est emprunté à l'anglais. Pour éviter ces anglicismes, on peut parler d'intentions non déclarées ou cachées, de projets tenus secrets, de programme secret, d'objectif ou de but secret, de stratégie secrète, d'intentions inavouées, de motivations secrètes, ou encore d'arrière-pensées; accuser une personne d'avoir un agenda caché sur une question, c'est l'accuser de cacher ou de dissimuler ses véritables intentions à ce sujet. Consultez l'article Agenda de notre Banque de dépannage linguistique.

agenda politique :
Calque de l'anglais, d'après political agenda, qui se rencontre également ailleurs dans la francophonie. On pourra l'éviter en parlant d'un programme ou d'un projet politique, de la ligne d'action d'un parti, d'un gouvernement, des préoccupations politiques, des intentions, des projets, des buts ou des vues d'un gouvernement ou encore de la liste de ses priorités. Consultez l'article Agenda de notre Banque de dépannage linguistique.

blâme (motion, vote de ~) :
On ne doit pas confondre la motion de blâme et la motion de censure, de même que le vote de blâme et le vote de censure. La motion de blâme vise à condamner un acte ou une prise de position d'un député, d'un ministre ou d'un gouvernement. Une telle motion constitue une sanction morale, un avertissement. Lorsqu'elle est adoptée par la majorité des députés, elle n'entraîne pas nécessairement la démission de la personne visée ou du gouvernement, alors que la motion de censure entraîne nécessairement la démission du gouvernement. Voir censure.

bleu ou rouge :
Au Canada, le bleu et le rouge évoquent respectivement le Parti conservateur et le Parti libéral depuis le XIXe siècle. Il y a d'abord eu le rouge qui, dès le milieu du siècle, a été associé à une tendance politique, le Parti rouge, une des branches issues de la scission, en 1849, du Parti libéral, et à sa doctrine, le rougisme. À la suite de la disparition du Parti rouge, en 1867, on a continué à associer les libéraux à cette couleur. Pourquoi le rouge? Parce que dans un contexte politique, le rouge symbolise les idées révolutionnaires ou est lié aux partisans d'une révolution politique ou sociale. Les rouges, dont plusieurs des membres avaient participé à la rébellion de 1837-1838, revendiquaient notamment la séparation de l'Église et de l'État, ce qui explique d'ailleurs la célèbre formule « L'enfer est rouge, le ciel est bleu » d'abord proclamée par le clergé et reprise par Duplessis. Le bleu aurait été associé au Parti conservateur au Canada, et à l'Union nationale au Québec, par opposition au rouge. On trouve par ailleurs déjà le bleu associé à des positions conservatrices en politique, notamment au Conservative party, au milieu du XIXe siècle en Angleterre.

cabinet fantôme :
Héritage du parlementarisme britannique (shadow cabinet), le cabinet fantôme fait référence à la composition, dans l'opposition, d'un cabinet parallèle à celui issu de la majorité. Et si le terme cabinet fantôme s'emploie généralement à propos du parti qui constitue l'opposition officielle, rien n'interdit la composition d'un cabinet fantôme pour un tiers parti dès lors que le nombre de ses élus le permet. Au pluriel, on écrira des cabinets fantômes.

candidat-vedette :
Personne bien connue qui se présente sous la bannière d'un parti. Il peut s'agir d'une personnalité néophyte en politique, mais aussi d'un politicien aguerri à qui l'on accorde toutes les chances de l'emporter. Le trait d'union est facultatif, on note cependant une tendance à écrire de tels composés avec un trait d'union lorsqu'on considère qu'ils sont passés dans l'usage. On donne la marque du pluriel aux deux éléments. Ainsi, des candidats-vedettes comme des produits-vedettes, des présentatrices-vedettes, des accessoires-vedettes, etc.

censure (motion, vote de ~) :
Le vote de censure, qu'on désigne aussi par le terme vote de défiance, met en cause la responsabilité du gouvernement et la confiance que les députés lui accordent. Un tel vote peut porter sur un projet de loi important, lié aux finances ou à la fiscalité, par exemple, ou encore sur une motion de censure, qu'on peut aussi appeler motion de défiance. Une motion de censure est une proposition déposée par un député de l'opposition qui met en cause la responsabilité du gouvernement et la confiance que les députés lui accordent. Lorsque la majorité des députés vote contre le gouvernement lors d'un vote de censure, ce gouvernement doit démissionner, et cette démission entraîne généralement la tenue d'élections générales. Voir blâme.

challenger ou challengeur :
Pour désigner une personne engagée dans une lutte politique, on préférera parler, selon le contexte, de candidat, d'aspirant ou encore de rival, d'adversaire dans une course électorale.

chef du parti :
Il faut éviter de confondre les fonctions de président (poste de militant, non rémunéré), de directeur (un employé du parti, rémunéré) et de chef de parti (un poste politique) qui correspondent à des fonctions distinctes au sein d'une formation politique au Québec.

La féminisation des appellations de personnes est une préoccupation qui n'est pas nouvelle au Québec. Dès 1986, l'Office avait recommandé, dans le cas de chef, de recourir à la forme épicène (une forme qui est la même dans les deux genres) et de marquer le féminin par l'article (la chef, une chef). Cette recommandation a été largement suivie au Québec. Ce féminin est d'ailleurs usité en Belgique et en France même si les ouvrages de référence tardent à l'enregistrer. En Suisse, en revanche, on a préféré le féminin cheffe qui est aujourd'hui bien implanté dans l'usage. Il est intéressant de noter que la forme cheffe est parfois utilisée au Québec, notamment sous la plume de journalistes. Mais que ce soit la chef ou la cheffe, on peut conclure que les Québécois et les Québécoises ont clairement opté pour marquer le féminin.

Lorsque le ou la chef d'un parti politique annonce sa démission, la personne qui assure la direction du parti jusqu'à l'élection d'un nouveau ou d'une nouvelle chef se nomme chef (ou leader) intérimaire ou par intérim. Le ou la chef démissionnaire peut choisir d'être chef intérimaire; si ce n'est pas le cas, on désigne une personne qui assumera cette fonction.

chefferie :
Le mot chefferie est un terme accepté par l'Office québécois de la langue française. Il est encore couramment usité au Québec où il est attesté depuis plus d'un siècle. S'il est aujourd'hui concurrencé par le mot direction (course, campagne à la…), il n'est pas pour autant à condamner. Pour en savoir plus sur ce terme, vous pouvez consulter la capsule Le point sur chefferie ainsi que les fiches direction, congrès à la direction et course à la direction dans notre Grand dictionnaire terminologique. Voir direction du parti.

conseiller en image :
Voir faiseur d'image.

convention :
Le terme convention n'est accepté, en français, qu'en référence à la réalité américaine; il est considéré comme un anglicisme dans le sens de « congrès » en français québécois, que ce soit en politique ou dans d'autres domaines. Voir investiture.

coude-à-coude :
Voir nez à nez.

débatteur :
Le substantif debater, qui est d'abord entré en français sous sa graphie anglaise, est maintenant bien ancré dans l'usage sous sa forme francisée débatteur, que l'on trouve consignée dans les dictionnaires usuels. Vous pouvez consulter la fiche débatteur dans notre Grand dictionnaire terminologique.

défiance (motion, vote de ~) :
Voir censure.

dernier droit de la campagne :
Au Québec, on entend parler du dernier droit de la campagne électorale ou, comme ailleurs dans la francophonie, de la dernière ligne droite. C'est à la dernière portion en ligne droite d'une piste de course, qui conduit à la ligne d'arrivée et dans laquelle peut souvent se jouer l'issue de la course, que l'on compare les quelques jours d'intense activité, souvent décisifs, qui précèdent le scrutin. Il est fort probable que cet usage particulier au Québec de l'expression le dernier droit ait été calqué sur l'expression anglaise de même sens the last straight, même si, en Amérique du Nord, le terme aujourd'hui le plus usuel pour nommer cette réalité est stretch (the home stretch ou the final stretch), au propre comme au figuré.

direction du parti :
Le choix du chef d'un parti politique se fait généralement au terme d'une course à la direction ou course à la chefferie. Le mot chefferie, qui fait partie du vocabulaire politique du Canada français depuis la fin du XIXe siècle, est un terme accepté, est bien implanté dans l’usage québécois et est conforme au système linguistique du français (voir sous chefferie). En outre, les locutions course au leadership et campagne au leadership sont également acceptées. Par ailleurs, il faut éviter de confondre les fonctions de président (poste de militant, non rémunéré) et de chef de parti qui correspondent à deux postes distincts au sein d'une formation politique au Québec et, par conséquent, on ne peut parler de course à la présidence pour désigner le processus qui vise à choisir celui ou celle qui sera chef du parti.

élection :
Devrait-on parler du déclenchement d'une élection générale ou d'élections générales? En fait, les deux sont possibles, selon le point de vue du locuteur qui peut voir dans ce processus soit la tenue de plusieurs scrutins en même temps, il privilégiera alors le pluriel, soit un seul événement, et il optera plutôt pour le singulier. C'est ainsi que l'on peut parler d'une forte participation à l'élection ou aux élections, ou du déclenchement d'une élection générale ou d'élections générales. On constate toutefois que le pluriel a une bonne longueur d'avance dans l'usage, la pluralité des sièges à pourvoir explique sans doute cette préférence. Il y a par ailleurs des contextes où le singulier est attendu, ce qui est notamment le cas quand un seul siège est à pourvoir. C'est pourquoi on parlera plus justement de l'élection présidentielle aux États-Unis ou en France – bien que le pluriel soit abondamment attesté dans l'usage tant européen que québécois – ou encore d'une élection partielle dans une circonscription (mais, bien sûr, élections partielles si elles doivent se tenir dans deux ou plusieurs circonscriptions). Pour en savoir davantage sur cette question, nous vous invitons à consulter l'article Élection de notre Banque de dépannage linguistique ainsi que les fiches élection, élection municipale, élection générale et élection partielle du Grand dictionnaire terminologique.

élire :
Ce candidat fut (ou fût?) élu pour la première fois en 19... Les membres élirent (ou élurent?) leur chef à l'unanimité. Besoin d'un conjugueur? Nous en avons plusieurs à vous proposer dans notre section Conjugaison que vous trouverez en cliquant sur Liens utiles dans notre page d'accueil. Et pour répondre à ces deux questions, on écrira que le candidat fut élu (passé simple, voix passive) et que les membres élurent (passé simple) leur chef…

faire sortir le vote :
Calque de l'anglais to get out the vote, cette expression est souvent employée au Québec pour signifier que l'on incite, par divers moyens, les gens à aller voter le jour du scrutin. Le moyen le plus courant est d'avoir recours à une équipe de militants, généralement des bénévoles du parti, qui téléphonent à des électeurs, qu'ils supposent leur être favorables, pour les inciter à aller voter ou qui peuvent même se rendre à leur domicile pour les aider à se déplacer jusqu'au bureau de scrutin. Pour éviter cet anglicisme, on peut parler de convaincre les électeurs d'aller voter ou de se rendre aux urnes, d'inciter les électeurs à voter ou à exercer leur droit de vote, de faire voter ses, leurs partisans ou encore de stimuler la participation des électeurs. Consultez l'article Faire sortir le vote de notre Banque de dépannage linguistique.

faiseur d'image :
On dira mieux conseiller ou conseillère en image; cette dernière appellation, aujourd'hui répandue, semble la plus à même de rendre compte du rôle tenu par ceux et celles qui en font leur métier.

investiture :
Le terme investiture désigne le fait de procéder au choix officiel d'un candidat ou d'une candidate au sein d'une formation politique pour représenter ce parti dans un territoire donné (circonscription, arrondissement, etc.) en vue d'une élection. C'est ainsi qu'il sera question de soirée d'investiture au cours de laquelle la personne choisie ou élue est présentée officiellement aux militants et plus largement, par la voie des médias, à l'ensemble de la population. On emploie aussi le terme investiture dans le contexte d'une élection présidentielle aux États-Unis où chacun des partis choisit son candidat à la présidence lors d'un congrès appelé convention (la convention démocrate par exemple). Voir convention.

On ne peut toutefois parler de congrès d'investiture pour désigner le congrès qui clôture une campagne à la direction d'un parti puisqu'il ne s'agit pas d'une élection.

lac-à-l'épaule  :
Si la région d'Ottawa a son lac Meech, celle de Québec a son lac à l'Épaule. Les deux lacs auront été immortalisés pour avoir été le théâtre de rencontres politiques sinon secrètes, du moins discrètes. Si le toponyme lac Meech rime (ou ne rime pas) avec accord constitutionnel, celui de lac à l'Épaule rappelle quant à lui une décision marquante de l'histoire politique québécoise. C'est en effet en septembre 1962, dans cet endroit montagneux, situé à la limite du parc de la Jacques-Cartier, à proximité de la route reliant Québec au Saguenay–Lac-Saint-Jean, que le premier ministre Jean Lesage réunissait secrètement son cabinet pour décider s'il allait déclencher des élections sur le thème de la nationalisation de l'électricité. C'est à la suite de cette décision que la formule Maîtres chez nous fut lancée et devint le leitmotiv de la campagne de l'équipe de Jean Lesage. Le toponyme, substantivé (on l'écrit alors avec des traits d'union et en minuscules : tenir un lac-à-l'épaule), passa à la postérité pour désigner une rencontre importante tenue à l'écart, souvent dans un endroit naturel et vivifiant, au cours de laquelle les participants se réunissent pour définir de grandes orientations, s'entendre sur des actions à entreprendre, faire le point ou se ressourcer.

Enfin, pour ajouter à la petite histoire du lac à l'Épaule, sachez que cet endroit enchanteur avait déjà accueilli, à l'été 1943, Winston Churchill et Franklin Roosevelt qui se trouvaient réunis à Québec pour une conférence des Alliés.

leadership :
Dans le domaine politique, l'emprunt à l’anglais leadership (parfois écrit leadeurship) est aussi employé pour désigner la direction ou la chefferie d’un parti. Voir direction du parti et chefferie.

livrer la marchandise  :
Cette expression est bien française au sens propre; elle se traduit en anglais par to deliver the goods. Mais l'anglais connaît un autre sens, figuré celui-là, que l'on peut trouver notamment dans un contexte politique et que les Québécois ont emprunté; ainsi lorsque l'on dit d'un politicien qu'il devra être en mesure de livrer la marchandise. En français, on parlera plutôt de tenir ses promesses ou de respecter ses engagements.

membership :
Plutôt que de membership, on parlera de l'effectif (ou des effectifs) d'un parti politique, du nombre de ses membres ou simplement des membres, ou encore des adhérents du parti. Voyez également la fiche effectifs dans notre Grand dictionnaire terminologique dans laquelle on signale l'usage de deux néologismes dans l'espace francophone : membrariat et membriété.

ministrable  :
Le contexte électoral fait ressortir certains mots, quelques-uns critiquables, surtout des anglicismes inutiles, et d'autres, tout à fait acceptables et qui, curieusement, font parfois douter ceux qui les emploient. Ministrable au sens de « susceptible de devenir ministre » est de ceux-là. Peut-être parce que sa formation est si simple. Inutile donc de prendre le mot « avec des pincettes » (c'est-à-dire de le mettre entre guillemets ou en italique), il est bien formé et si certains ouvrages ont pu le donner comme étant familier, il n'a plus aujourd'hui à traîner cette étiquette. Sur le même modèle, on trouve d'ailleurs un autre adjectif premier(-)ministrable, au pluriel premiers(-)ministrables, qui se répand notamment en France. Doit-on l'écrire avec ou sans trait d'union? Le Dictionnaire Hachette qui l'avait d'abord répertorié dans sa liste de mots nouveaux dans son édition 2007 et qui, depuis, lui a fait une place dans sa nomenclature, le consigne avec un trait d'union, mais on le trouve fréquemment orthographié sans dans la presse française. Le trait d'union a l'avantage de mettre en évidence que le suffixe -able se greffe à l'ensemble de l'unité lexicale et non pas seulement à ministre. Les adjectifs présidentiable et papable sont formés sur ce même modèle.

mode électoral (en ~) :
Depuis quelque temps, nous sommes une société en mode... Les politiciens se déclarent en mode préélectoral, puis électoral, et si on dit de certains qu'ils sont en mode écoute ou en mode réaction, d'autres passent en mode attaque. On constate en outre que la popularité de la formule déborde le contexte politique. Un relevé sommaire des derniers mois dans la presse québécoise nous révèle que cette mode a gagné tous les secteurs d'activité. Ainsi, les entreprises sont en mode recrutement ou en mode développement, des employés en mode formation, des syndicats et des patrons en mode négo, des étudiants en mode apprentissage, et la liste pourrait s'allonger. La formule est tellement populaire que l'on en est à se demander comment on pourrait s'en passer. Le défi n'est donc pas de trouver d'où nous vient cette construction, l'anglais est rapidement débusqué (to be in… mode), mais de proposer suffisamment d'équivalents intéressants en français pour arriver à se passer de ce calque avant qu'il ne nous soit devenu indispensable.

Alors, plutôt que de se déclarer en mode préélectoral ou électoral par exemple, ne pourrait-on dire que l'on est à se préparer pour les élections, que l'on est déjà prêt pour les élections, déjà engagé dans la campagne ou encore parler de coup d'envoi de la campagne électorale, de branle-bas de combat préélectoral, ou plus largement de contexte ou de climat préélectoral ou encore de parfum d'élections? Et tous ces politiciens qui se mettent en mode écoute ne pourraient-ils simplement se dire attentifs ou à l'écoute? Consultez l'article En mode de notre Banque de dépannage linguistique.

momentum :
En contexte électoral, ce mot revient fréquemment dans la langue journalistique au Québec pour décrire des moments forts de la campagne. Momentum est une forme latine qui nous est venue par l'anglais. Pour éviter cet anglicisme, plusieurs équivalents peuvent lui être substitués, selon le contexte : élan, impulsion, lancée, force, essor, allure, vitesse (de croisière), rythme, dynamisme, vigueur, énergie, conjoncture (favorable) ou conditions (favorables), etc. Le mot est souvent employé dans des expressions telles que profiter du momentum, créer un momentum, avoir le momentum, garder le momentum, qui pourraient se rendre par profiter de l'impulsion du moment, de circonstances favorables, créer une dynamique, être porté par, avoir le vent en poupe, continuer sur sa lancée, garder le rythme, s'assurer d'une avance ou d'une longueur d'avance, etc. On parle également souvent d'un momentum favorable pour dire que le temps, la situation, la conjoncture ou le contexte se prête bien ou est propice à une action quelconque.

nez à nez :
En français, l'expression nez à nez signifie avant tout « face à face » (se retrouver nez à nez avec qqn), ce qui semble contredire le sens que nous lui donnons au Québec dans un contexte d'élection (deux candidats nez à nez dans les sondages). En fait, une autre image que celle de deux personnes se retrouvant l'une en face de l'autre est à la source de ce second emploi, celle d'une course de chevaux, et cette métaphore hippique nous est, semble-t-il, venue des États-Unis où des observateurs ont mis en évidence de nombreux rapprochements entre le vocabulaire des élections et celui des courses de chevaux.
C'est ainsi que s'expliquent les expressions anglaises neck and neck, ou plus marginalement nose to nose, de même que l'expression nez à nez au Québec, pour signifier que des candidats sont (presque) à égalité. En français, d'autres expressions peuvent rendre la même idée. Outre être à égalité, on peut dire que les deux candidats sont très proches l'un de l'autre, qu'ils se suivent de très près ou qu'ils sont ex æquo, locution adverbiale, donc invariable, qui s'écrit en caractères romains (et non en italique) et qui se prononce [èg-zé-ko].On peut encore recourir à l'expression être au coude-à-coude, autre métaphore corporelle, que l'on écrit de préférence avec des traits d'union puisqu'il s'agit du nom, alors que la locution adverbiale, par exemple dans être assis coude à coude ou, au figuré, travailler coude à coude, s'écrit sans traits d'union.

non-confiance (motion, vote de ~)  :
On doit éviter d'employer le terme vote de non-confiance pour désigner le vote de censure; il s'agit d'un calque du terme anglais vote of non-confidence. De la même façon, on doit éviter d'employer motion de non-confiance, calque du terme anglais motion of non-confidence. Voir censure.

partis politiques et partisans :
Besoin de vous rafraîchir la mémoire à propos des règles d'écriture? Les Conservateurs ou conservateurs?, le Nouveau Parti (ou parti?) démocratique? le P.L.C. ou PLC? le Bloc Québécois (ou québécois?)?

Pour ce qui est des dénominations de partis politiques, l'usage recommandé est de mettre la majuscule au premier nom et à l'adjectif qui l'accompagne, mais seulement si celui-ci précède le nom. Ainsi, on écrira le Parti libéral (et non le Parti Libéral), le Bloc québécois, Québec solidaire, le Nouveau Parti démocratique. Évidemment, lorsque le mot parti ne fait pas partie de la dénomination de la formation politique, il ne prend pas la majuscule; on écrira, par exemple : les porte-parole du parti Québec solidaire, mais le chef du Parti québécois, du Parti libéral ou du Parti vert.

Les dénominations de partis politiques peuvent s'abréger par un sigle. Pour des raisons de simplification et d'uniformisation, il est désormais conseillé d'écrire les sigles sans points abréviatifs, même si l'emploi des points reste correct. Ainsi, on écrira PLQ, PQ, PVQ ou QS pour désigner les partis québécois provinciaux, ou encore, pour les partis fédéraux, PLC, PC, BQ, NPD ou PVC.

Enfin, on retiendra que les appellations désignant les membres, militants, électeurs, partisans ou sympathisants des divers partis ou mouvements politiques s'écrivent avec la minuscule : les conservateurs, les libéraux, les bloquistes, les néodémocrates, les verts, les socialistes, les républicains, les démocrates, etc.

plate(-)forme et programme :
L'emploi du terme plate-forme (ou plateforme) dans le vocabulaire de la politique est un bel exemple de la vitalité des langues, le mot est d'abord passé du français à l'anglais auquel le français l'a, à son tour, emprunté au milieu du XIXe siècle, dans ce sens politique. Signalé comme anglicisme dès la fin de ce XIXe siècle au Québec, il ne s'est répandu en France que dans les années 1960. Cet emprunt sémantique à l'anglais (platform), n'est plus critiqué, il est désormais passé dans l'usage (et même le bon usage) en français. En un mot ou en deux? Les deux graphies sont possibles, l'avantage de la forme soudée est qu'elle facilite l'accord du pluriel (des plateformes plutôt que des plates-formes); cette forme simple figure d'ailleurs dans la liste des rectifications de l'orthographe. Enfin, si les termes plateforme et programme sont étroitement liés, il ne s'agit pas pour autant de synonymes. La plateforme électorale d'un parti, largement médiatisée, énonce les grandes orientations, les principes qui sont à la base du programme politique qu'entend défendre ce parti. En outre, on ne peut parler de plateforme d'un candidat, une plateforme est nécessairement collective, contrairement à programme qui peut renvoyer à celui d'un parti ou d'un candidat. La plateforme d'un parti présente également davantage des idées, des grandes lignes, alors qu'un programme peut contenir des modalités, des actions plus concrètes. Les termes programme politique et plate-forme (voyez les fiches du Grand dictionnaire terminologique) ont fait l'objet de recommandations officielles de l'Office, parues dans la Gazette officielle du Québec.

post mortem :
Il est souvent question de post mortem dans la foulée des élections. Certains évoquent la nécessité de faire un post mortem pour comprendre et analyser les résultats du vote, pour revoir le contenu des programmes, pour discuter de l'orientation du parti, etc. Dans ce sens, post mortem est un emprunt à l'anglais. Les seuls emplois de cette locution latine en français relèvent de la médecine et font référence à « ce qui suit la mort »; les emplois figurés sont à mettre au compte de l'anglais. Dans un contexte comme celui des suites d'une élection, on parlera plutôt d'autopsie (au figuré) ou d'analyse rétrospective, de bilan, de retour sur ce qui s'est passé.

premier-ministrable :
Voir ministrable.

rouge :
Voir bleu ou rouge

spin doctor :
Comment nommer en français ceux que les anglophones ont appelé des spin doctors, des personnes dont le rôle est d'influencer l'opinion publique? Dans le monde de la politique, ils sont là pour amener les gens (souvent les journalistes) à interpréter les faits de la manière la plus favorable à leur parti. Si le phénomène n'est sans doute pas nouveau, l'appellation spin doctor ne semble attestée aux États-Unis que depuis les années 1980. Terme créé à partir du substantif spin qui avait connu une extension sémantique quelques années plus tôt en s'employant, au figuré, à propos d'une interprétation partiale de l'information fournie par ces communicateurs dans le but de produire une impression favorable (ou, plus rarement, négative) dans le public. On voit là l'image de l'effet (spin) donnée à une balle qui voit ainsi sa trajectoire quelque peu modifiée. En français, aucun terme équivalent n'a encore émergé jusqu'ici, on peut appeler ces personnes des conseillers en communication, conseillers de presse, spécialistes en communication, stratèges de la communication ou chargés de relations publiques. Si on veut exprimer une nuance plus péjorative, la connotation rattachée à l'anglais spin doctor pourrait être rendue en français par des expressions du type manipulateurs de l'opinion ou de l'information. Il faut avoir à l'esprit cependant que les termes manipulation ou manipulateur suggèrent le recours à des procédés plus ou moins éthiques qui, sans être exclus, ne sont pas forcément inhérents à cette notion.

swing states :
Aux États-Unis, l'influence de certains États appelés swing states peut être déterminante dans l'issue d'une campagne présidentielle. Nos voisins les désignent également sous le nom de battleground states, key states ou, plus ironiquement, purple states, des « États violets », puisqu'ils ne seraient ni bleus et démocrates (blue states), ni rouges et républicains (red states), mais un mélange des deux. Comment traduire cette réalité : des États, très courtisés, acquis ni à l'un ni à l'autre des deux grands partis, et dont le vote, dans une lutte serrée, pourrait se révéler décisif? Même si des médias ont pu se contenter de reprendre l'expression américaine, beaucoup d'autres, en revanche, ont tenté de trouver un équivalent. Si les plus fréquemment utilisés sont États clés, États indécis ou États incertains, on en trouve d'autres, tout aussi intéressants : États cruciaux, disputés, décisifs ou encore États en balance, États charnières, États pivots. Et c'est sans compter le recours à des périphrases du type : ces États où va se jouer l'issue de l'élection, dont le vote sera déterminant dans la course à la présidence, jugés décisifs pour la présidentielle, qui sont susceptibles de faire basculer le vote, etc.

war room :
La politique emprunte souvent ses images au vocabulaire militaire, ne parle-t-on pas de QG, de campagne, et de… war room. Mais comment rendre cette appellation en français? Métaphore récente en politique – elle remonterait à l'ère Clinton – le ou la (les deux genres sont attestés dans la presse) war room désigne non seulement le lieu physique, équipé des moyens techniques pour recueillir des informations et en diffuser, mais encore le noyau de personnes qui s'y réunit. Cette équipe qui compte notamment des conseillers en communication et des stratèges, est mise enplace non seulement pour réagir rapidement à une situation de crise, mais aussi pour élaborer des stratégies. Selon le contexte, on exprimera ces réalités en français par des termes aux allures également militaires, soit centre nerveux des opérations, centre névralgique, siège opérationnel, centre opérationnel (ou des opérations) ou pour parler plutôt des personnes, on pourra recourir à des termes comme cellule de crise, équipe de stratèges, équipe de choc ou état-major.

 
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